L’ église Notre-Dame des Anges
Pondichéry (1851-1855)
Dressée face au Golfe du Bengale, la façade principale orientée vers le soleil levant, l’église Notre-Dame des Anges est construite sur l’ancienne place des Capucins, entourée des rues Dumas, Surcouf et Romain Rolland.
L’église est séparée de la mer par un petit jardin, au centre duquel s’élève une statue de Jeanne d’Arc en armure avec son étendard. Elle a donné son nom au square acquis et offert, comme la statue, par François Gaudart, industriel et homme politique, peu avant son retour en France en 1919.
La statue fut installée en avril 1923.
Trois églises du même vocable, fondées par les capucins, l’ont précédée. Le premier religieux français à se fixer à Pondichéry, dès 1674, appartenait en effet à l’ordre des
capucins.
Une première église fut construite en 1707, un an après la mort de François Martin, le premier gouverneur français de Pondichéry.
Devenue trop petite et menaçant ruine, une deuxième église fut construite entre 1739 et 1758, sous l’administration des gouverneurs Dumas puis Dupleix. Mais elle fut rasée en 1761 par les Anglais, comme la plus grande partie de la ville.
Une troisième église, dont il reste encore la tour carrée du clocher et la nef réaffectée, fut alors construite à l’angle des rues Dumas et Surcouf de 1765 à 1770.
En 1828, les capucins laissèrent la place aux pères du Saint-Esprit, qui construisirent l’église actuelle de 1851 à 1855, sous l’épiscopat de Mgr Bonnand, vicaire apostolique de la Côte de Coromandel.
Nous devons sa construction à l’ingénieur Louis Guerre (1800-1865), descendant d’une famille implantée à Pondichéry depuis le XVIIIe siècle ; il construisit aussi plusieurs belles demeures dans le voisinage dont la demeure du vice-consul ainsi que le presbytère. « La construction de tout l’ensemble de l’édifice est de la même nature : elle est formée par une maçonnerie en brique avec mortier de chaux et de sable pour les fondations, les murs en élévation et les arcs et voûtes. »
Les pères des Missions étrangères de Paris remplacent les pères du Saint-Esprit à partir de 1887. Traditionnellement résidence depuis sa construction d’un prêtre venu de France, l’église est desservie depuis 2008 par un prêtre tamoul francophone, le père Michael John Antonysamy. Les capucins étant un ordre franciscain, le vocable de l’église tire son origine de la basilique Sainte-Marie des Anges à Assise, où se trouve le ‘Portioncule’, la petite chapelle restaurée par saint François pour y fonder sa première communauté.
L’église Notre-Dame des Anges est la seule église de Pondichéry où la messe est célébrée tous les dimanches dans les trois langues de la ville : française, anglaise et tamoule.
Extérieur
Notre-Dame des Anges s’impose par sa monumentalité, soulignée par ses deux tour-clochers sur plan carré en façade et sa coupole polygonale à la croisée du transept. L’église sur plan en croix latine repose sur un soubassement. Son emprise au sol est de 55 x 35 mètres. On y accède par deux escaliers symétriques d’une dizaine de marches.
La façade principale comprend trois travées au premier niveau matérialisées par trois ouvertures. La travée centrale formant un léger avant-corps, est ornée d’un fronton triangulaire reposant sur un entablement porté par des pilastres cannelés jumelés d’ordre ionique. Elle correspond à l’entrée principale, les baies latérales sont situées dans l’axe des bas-côtés de la nef.
Deux inscriptions en latin se lisent sur la façade. L’une sur le linteau du portail d’entrée : DOMUS DEI (Maison de Dieu), l’autre sur la frise de l’entablement : D.O.M.
(Domino Optimo Maximo) (O Dieu très grand et très bon) SUB INVOCATIONE DOMINAE ANGELORUM (Sous la protection de Notre Dame des Anges).
Les tours ont deux niveaux et sont couronnées par une terrasse avec un garde corps à balustres rectangulaires. Le premier niveau offre sur le pourtour 24 niches au total,
occupées par les statues des 12 apôtres et par 12 urnes en alternance. Chaque face du deuxième niveau, qui abrite les cloches, est percée d’une baie en plein cintre en partie fermée par un abat-son.
Les façades latérales sont rythmées par des baies rectangulaires verticales qui correspondent aux travées de la nef. Un entablement qui règne avec celui de la façade principale est porté également par des pilastres cannelés ioniques.
Les façades des bras nord et sud du transept reprennent l’esprit de la façade principale avec chacune un fronton triangulaire.
Un escalier à deux volées droites convergentes donne accès aux entrées latérales qui assurent en même temps l’éclairage du transept.
Intérieur
Le portail d’entrée ouvre sur un narthex protégé par une tribune portée par quatre colonnes corinthiennes jumelées. La nef à cinq travées et les bras du transept sont couverts d’une voûte en berceau tandis que les bas-côtés sont voutés d’arêtes rythmées par des arcs doubleaux retombant sur des pilastres d’ordre dorique toscan. La coupole sur tambour posé sur pendentifs couronne la croisée du transept. La nef se poursuit au-delà du transept par une abside en hémicycle.
L’élévation intérieure de la nef comprend de grandes arcades en plein cintre séparées par des pilastres corinthiens portant un entablement qui règne tout autour de l’édifice. Les arcs-doubleaux qui reposent sur l’entablement au droit des
pilastres arment la voûte en berceau.
Les caissons qui ornent la voûte sont très moulurés et décorés de fleurs stylisées. Les murs latéraux reçoivent les 14 panneaux d’un Chemin de croix en plâtre (peint en 2011). Ils sont signés de l’atelier parisien de Jean-Bernard Duseigneur (1808-1866), dit Jehan (sculpteur).
L’intérieur de l’église est lumineux et présente un contraste entre la clarté des bas-côtés où on se déplace et la relative pénombre de la nef propice au recueillement.
La coupole, située au dessus du maître-autel, dispense une lumière douce par ses huit baies ornées d’une vitrerie à décor géométrique sur la base des couleurs primaires, bleu, jaune et rouge. Le maître autel légèrement surélevé est de marbre blanc veiné de gris. Il fut offert par François Gaudart. Il présente en façade deux paires de colonnettes de marbre rouge encadrant un bas-relief en laiton repoussé représentant la Cène. Le nom de l’artiste ne nous est pas parvenu.
Une plaque funéraire située à même le sol, devant l’autel, porte deux noms, celui de Hyacinthe de Lalande de Calan, gouverneur des Etablissements français dans l’Inde, décédé
le 14 juin 1850, et celui de sa fille Marie Louise de Calan, décédée le 25 février 1851. Le gouverneur dût prévoir peu avant sa mort la construction de la nouvelle église Notre-Dame des Anges, dont le chantier débuta en 1851.
Travaux de restauration
En 2009-2012, l’église Notre-Dame des Anges a fait l’objet d’une importante campagne de restauration à l’initiative de l’association des Amis du Patrimoine Pondichérien, qui lui a redonné tout son éclat. L’extérieur et l’intérieur de l’édifice ont été entièrement repeints.
De nombreux travaux préparatoires furent nécessaires. On retiendra parmi les plus importants : les travaux d’étanchéité, le remaniement des 22 fenêtres, la réfection des 8 fenêtres de la coupole, la réfection de l’électricité, de l’éclairage et du son, la reprise du dallage, la réfection des 4 colonnes de l’autel, la réfection du mobilier en bois (unique à Pondichéry), dont le cannage des bancs et la restauration du Chemin de croix.
Tous ces travaux ont été réalisés par des entreprises et des artisans pondichériens, sous la direction de Patrick Lafourcade, maître d’œuvre (décédé accidentellement le 4 mars 2011), puis de Samuel Victor. Les travaux ont été financés avant tout par des dons individuels provenant des fidèles de l’église Notre-Dame des Anges, de l’association des Amis du Patrimoine Pondichérien, des visiteurs de passage, complétés par des subventions du Ministère français de la culture et de la Fondation des Vieilles Maisons Françaises.
L’église restaurée a été bénie le 4 mars 2012 par Mgr. Dr. Antony Anandarayar, archevêque de Pondichéry. La restauration des abords de l’église et du jardin de Jeanne d’Arc fera l’objet d’une campagne ultérieure de travaux.
Les Amis du Patrimoine Pondichérien
Sources : Aix-en-Provence. Archives nationales d’outre-mer. Inde cote 475/682. (Père Dussaigne). Notre-Dame des Anges, Our Lady of Angels, Pondichéry, notes historiques sur l’église Notre-Dame des Anges en Français et en anglais, 2004. LABERNADIE, Marguerite V, Le vieux Pondichéry, 1673-1815. Histoire d’une ville coloniale, coll. Société de l’histoire de l’Inde française, Paris-Pondichéry, Imprimerie moderne, Pondichéry, 1936. LAFRENEZ, Jean. Précis d’histoire de la mission de Pondichéry, Pondichéry, Imprimerie de la mission, 1953.